Origine du projet

Tout a commencé... par un accident!
Pas n’importe quel accident. Et pas qu’un seul, hélas…
L’accident qui a tout déclenché, c’est le dernier en date. Celui de mon fils Corentin, 22 ans, heurté par une voiture qui s’est engagée « énergiquement » sur le rond-point Montgomery alors que mon fils y circulait à vélo. C’était le deuxième accident de Corentin, et le deuxième accident violent dans la famille. J’ai voulu agir.
Rassurez-vous: Corentin va bien! Enfin, aussi bien qu’on peut aller après s’être fait renverser. Heureusement, il portait un casque, mais il gardera quand même des séquelles de cet accident, même si elles sont « légères » en regard d’un handicap ou d’un décès.
Quant à moi, j’ai eu la peur de ma vie le jour où j’ai été heurté par une voiture et projeté dans les airs comme un pantin désarticulé. Un accident spectaculaire qui me vaut aujourd’hui de sérieux problèmes de dos.
Et pourtant: Corentin et moi étions casqués et équipés de gilets de sécurité!
Deux constats
Mes fils, quatre fois. Mon épouse, une fois. Moi-même, une fois. Des accidents à répétition qui ont mis en danger ma famille et m’ont amené à poser deux constats:
- Les équipements de protection, et notamment le casque, sont indispensables. Sans eux, qui sait dans quel état Corentin ou moi-même nous serions retrouvés?
- Les cyclistes, comme les autres adeptes de la mobilité douce, ne sont pas assez visibles. Certains parce qu'ils ne portent pas d'équipement adapté. D'autres, malgré cet équipement adapté. Il faut donc aussi ouvrir les yeux des autres usagers de la route. Littéralement!
Bien se protéger et se rendre visible est une première étape, mais elle n’est pas suffisante. Ce qu’il faut, c’est un changement de mentalité. Amener TOUS les usagers de la route à comprendre qu’ils partagent le même espace et qu’une cohabitation harmonieuse nécessite un effort de chacun.
J’ai donc décidé de créer les « Canaris casqués »: un mouvement qui veut à la fois :
1°) Promouvoir la responsabilité individuelle.
2°) Rendre les usagers de la micro-mobilité plus visibles pour les automobilistes et pour les autorités.
3°) Faire prendre conscience à chaque usager de la route que la sécurité de chacun est l’affaire de tous.
Devenir "stylé" pour rouler en toute sécurité
Amener des adolescents à porter un casque et un gilet de sécurité est un vrai défi. Ce n’est pas « stylé ». Face au regard des autres, si important pour les ados, il est parfois difficile d’adopter les bons réflexes.
Papa de trois enfants, je ne le sais que trop.
Les Canaris casqués, c’est donc aussi un rêve: celui de rendre notre mouvement populaire auprès des ados et des jeunes adultes. Pour que les réflexes de sécurité deviennent la norme, et plus un comportement socialement stigmatisé.
Promouvoir la responsabilité et le respect
Mon propre accident m’a rendu plus attentif à ce qui se passe sur la route. Parce que je cherche à comprendre et surtout à prévenir.
Mes observations m’ont petit amené à un constat: si les automobilistes font encore trop peu attention aux usagers faibles, le comportement parfois dangereux de ces derniers n’est pas non plus sans tache.
Plutôt que de dresser les uns contre les autres, j’ai donc voulu m’engager sur une troisième voie: celle du respect mutuel et de la prise de conscience. Des prises de conscience:
- celle des usagers « faibles »: nous sommes les premiers responsables de notre sécurité. Alors, oui, cette responsabilité implique aussi parfois (et même souvent) de ne pas prendre la priorité à laquelle on a droit. Mais nous n’avons qu’une vie, et qu’une seule santé. Et tant que nous serons dans cette période de transition de la mobilité, nous devons prendre soin de nous-mêmes.
- celle des usagers « forts »: automobilistes, chauffeurs de camions et de camionnettes ne sont pas assez attentifs aux multiples usagers avec lesquels ils partagent l’espace public. Ils font hélas aussi parfois preuve d’un manque de courtoisie vis-à-vis de cyclistes en train de braver la pluie ou de gravir une côte. Rester attentifs en toutes circonstances est indispensable pour éviter les trop nombreuses tragédies et faire de petits actes de courtoisie envers les usagers faibles.
- celle des autorités, qui doivent poursuivre les efforts engagés pour tenir compte de l’évolution de la mobilité. La voie publique est aujourd’hui un espace partagé, et il incombe à ses gestionnaires de favoriser la cohabitation de ses usagers.
Je souhaite de tout mon coeur que ce projet dans lequel je crois, et pour lequel je n’ai pas hésité à investir du temps et de l’argent, devienne demain la référence en termes de comportement responsable et de cohabitation respectueuse au sein de l’espace public, afin que nous puissions tous « vivre » notre ville plutôt que la subir.
